|
|
|
|
La pauvreté, une grande question
déjà pour les religieux et les moralistes avant que n’émergent et ne dominent les idées socialistes, qui ont cru
la résoudre et qui ont échoué. Cet échec au bout d’un siècle et demi de progressisme
fait de la pauvreté carrément un dilemme pour ceux qui fixent les idées
générales : politiciens, media, moralisateurs autorisés, etc. C’est pourquoi
les discours officiels l’évoquent, mais l’évoquent de plus en plus vite et sans
détail. Il faudrait reformuler le problème, mais plus personne n’ose le faire. On
ne sait même plus s’il y a vraiment problème.
 |
|
|

Quelques chiffres.
|
|
La famine est casuelle, ses
critères sont élémentaux. Nourriture zéro. Risques mortels cent pour cent, si la
famine dure trop longtemps. Nombre d’humains frappés très variable selon les
guerres ou les calamités.
L’extrême pauvreté est, selon
les lieux, permanente ou résurgente. On peut donc la chiffrer, comme fait la Banque Mondiale selon ses propre critères. On l’appelait misère. C’était la condition des pauvres de la Bible ou des gueux au Moyen Âge.
Et la pauvreté tout court,
qu’est-elle ? En 2005, pour un Bengali pauvre — pas extrêmement pauvre, mais
simplement pauvre — le Français pauvre paraît riche et même très riche. Le
commentaire ici saute à l’esprit et va nous poursuivre de paragraphe en
paragraphe ; la pauvreté est hors comparaison, et même hors critères. Mais
quelle est l’opinion du Français pauvre ? S’il compare son revenu au
salaire du président de L’Oréal, ou de Vivendi Universal, ou de Microsoft, il
se voit misérable, mais là on n’est même plus hors comparaison, on est hors
planète. Fermons le télescope, reprenons nos simples lunettes ! Que pense de
sa pauvreté le Français pauvre, donc ? C’est selon son impression, généralement
imprégnée des discours, journaux et (plus rarement) sermons du moment, tous
plus ou moins démagogiques, experts à mettre en scène les progrès que leur
parti génère quand il gouverne et les injustices que l’autre parti inflige quand
il gouverne à son tour. En pays riche, le pauvre fatal — celui que produit le
parti opposé — est créé dans les discours comme au cinéma la victime fatale, le
demi-vivant incolore reconnaissable dès les premières images. Ainsi, au fond de
l’inconscient de masse gît le pauvre, maintenu là pour les « dossiers »
comme l’inévitable épave coquillarte et algueuse pour les albums de photos
sous-marines. Sans les pauvres quel discours électoral, quel sermon chrétien ?
Résultat, le pauvre étant, en pays riches, un article des boutiques politiques,
religieuses et médiatiques, la pauvreté n’est pas facile à définir. Des
responsables politiques et religieux plus sérieux ne voient quand même pas les
choses aussi bas, c’est vrai, même s’ils s’inquiètent plus de l’ordre public
que du malheur, si difficile à mesurer, de ceux qui se disent pauvres et qui ne
sont pas forcément les vrais pauvres. Mais pourquoi, me direz-vous, n’évoquer que
les politiques, les religieux et les journaux comme observateurs des
pauvres ? Je réponds : En connaissez-vous beaucoup d’autres ? Ah
si ! Il y a la Banque Mondiale (on y viendra).
|
|
 |

Et si la pauvreté avait plus de métaphysique que de vide dans le portefeuille ?
Srce : Stock.XCHNG |
 |
Suis-je
pauvre avec 250, 500, 750, 1000, 1250 €/mois ? Avec moins ? Avec
plus ? N’est-ce bien qu’un mal matériel, d’ailleurs ? Et si la
pauvreté avait plus de métaphysique que de vide dans le portefeuille ? Si
par là elle était un mal d’une sorte très particulière ? Les déguenillés
des favelas étant tellement plus joyeux que les enfants riches en uniforme
d’institutions chic, la souffrance de la pauvreté peut paraître plus
argumentatrice que douloureuse. C’est clair, on s’égare aussi longtemps qu’on ramène
la pauvreté au seul problème de trop d’argent ou pas assez d’argent. Elle n’est
pas métaphysique, mais elle a sa métaphysique.
Comment parler de pauvreté dans un petit trimestriel sans
être schématique ? Le style presse, déjà réducteur par nature, risque d’être
trompeur sur ce sujet complexe. Et si l’on étend le regard jusqu’aux aspects
moraux, philosophiques, spirituels, la difficulté est encore plus grande, parce
que sous cet angle, comme sous l’angle économique, peu de sujets sociaux ont produit
autant de subjectivité. Cette subjectivité a fait de la pauvreté une zone mentale
où les clichés dominent, où la logique fonctionne mal, où donc ce que ne
ressent pas le lecteur lui paraît faux. Malgré tout, le sujet présente assez de
points obscurs pour qu’on y jette un peu de lumière.
La famine, pauvreté ultime, devait être citée, mais sa
nature occasionnelle l’écarte du sujet. Sa solution, du reste, est surtout
affaire de logistique, laquelle appliquée à la pauvreté tout court, surtout à
l’extrême pauvreté, n’a étrangement donné que peu de résultats : Des
populations extrêmement pauvres ont reçu des secours conséquents pendant des
périodes conséquentes sans que leur extrême pauvreté ne disparaisse. L’extrême
pauvreté semble être à la pauvreté ce que la maladie grave, parfois mortelle, est
à la fragilité humaine. La pauvreté tout court semblant appartenir à cette
fragilité même, on verra que la seule solution est que l’homme prenne force. Spirituellement.
L’homme semble pleurer sur sa pauvreté économique, ou sur ce qu’il considère
comme telle, autant qu’il pleure depuis des millénaires sur le manque d’amour
des autres à son égard. Qu’il commence lui-même à aimer les autres ! Tout
changera. Mais voyons d’abord l’aspect matériel du sujet.
|
 |
|
.
|
|
Selon la saison elle déborde et inonde ou n’est
plus qu’un lit de basses eaux ou un lit à sec, mais elle réapparaît tôt ou tard
entre ses rives. D’un autre côté, la richesse est comme un canal creusé de main
d’homme. Seulement plein tant qu’il est entretenu et sert à quelque chose —
C’est un aspect des choses rarement perçu : la richesse n’existe que si
elle a une raison d’être, comme moteur de l’entreprise, par exemple —. Mais un
jour ou l’autre le canal se comble, puis disparaît. La pauvreté, elle, a varié,
s’est déplacée, mais n’a jamais disparu.
Notre monde occidental a ses pauvres, difficiles à définir, parce
que dans l’ensemble notre monde occidental est riche. Riche depuis peu de
temps : environ deux siècles, grâce à son industrie, vous savez, celle des
profiteurs — Mais qu’est-ce qui a pu pousser des petites gens qui étaient,
semble-t-il, heureux avant que n’existe l’industrie, à se laisser exploiter et
appauvrir par les profiteurs ? Je ne défends pas ces derniers, je me pose
seulement une question dont je n’ai jamais trouvé la réponse dans les livres
des économistes —. Des canaux de la richesse, aujourd’hui en eau et bien dragués,
assècheront un jour ou l’autre. Certains économistes prévoient qu’à l’intérieur
de l’Europe ce n’est pas la richesse de l’Ouest qui se généralisera vers l’Est,
mais la pauvreté de l’Est qui peu à peu se diluera dans cette richesse et de
Varsovie à Lisbonne uniformisera une certaine pauvreté, au moins une certaine gêne,
une moindre abondance. Surtout quand l’industrie asiatique tournera à plein
régime et nous réduira à vivre plus ou moins parcimonieusement, ce qui nous
donnera l’impression d’être pauvres. Il y a de pires scénarios économiques, mais
passons !
|
|
|
|
|
L’homme retourne toujours tôt ou tard à la pauvreté. Ce
problème réflexe vient aux lèvres comme une peur réflexe, parce que nous avons actuellement
beaucoup et que notre peur de perdre est proportionnelle à l’abondance. Nous
sommes donc incapables de répondre rationnellement à la question : Quand
sommes-nous riches et quand sommes-nous pauvres ? Riches et pauvres par
rapport à quoi ?
Quantitativement, la pauvreté est relative aux biens dont
une biomasse humaine peut disposer à tel moment et à tel endroit ; cette
relativité qu’aucune équation ne peut chiffrer, sinon dans une région
étroitement limitée — et alors ce n’est plus relativité, mais seulement l’équation
économique de la région en question —, rend tout critère impossible à dresser. Sauf
l’extrême pauvreté, la pauvreté est sans conteste un état proportionnel à
l’idée qu’on s’en fait et qui varie selon qu’on regarde loin ou près, avec
jalousie ou non, etc. La subjectivité ici joue un rôle considérable, on l’a vu.
Les moins pauvres se sentent riches et passent pour riches dans un secteur
pauvre ; les moins riches se sentent pauvres et passent pour pauvres dans
un secteur riche. Une meilleure question serait peut-être : De quoi des humains
souffrent ou ne souffrent pas d’être privés, d’abord ici, et puis là, et ensuite
là-bas ? Mais la réponse n’est pas plus facile. On court donc encore après
la définition de la pauvreté.
|
|
|
.
|
|
Autrefois, les riches et les puissants — sauf quelques
« saints » (Martin, officier romain partageant son manteau ; Louis
IX, roi nourrissant les gueux de sa main, etc.) — passaient pour ouvertement dédaigneux
des pauvres, mais on peut se demander si ce n’était pas qu’un cliché populaire.
De nos jours, en tout cas, la pauvreté, surtout l’extrême pauvreté, est une des
rares questions sociales sur lesquelles des politiques sérieux de gauche comme
de droite, certains tyrans même, sont d’accord : Il faut éliminer ce mal. Comme
déjà dit, le moteur de cette unanimité est généralement d’ordre pratique :
La peur des désordres et des incapacités qu’engendre la grande pauvreté, qui
affaiblissent ou déstabilisent une nation, bien plus que la compassion devant
le malheur, que ni les économistes ni les sociologues ne savent mesurer. Malgré
cette unanimité, la pauvreté, surtout sa forme extrême, se déplace, mais ne
recule pas vraiment. Elle résiste dans quantité de pays ou régions comme en
Chine septentrionale ; elle s’aggrave et s’étend même dramatiquement en
Afrique noire, où l’époque coloniale en vient à être évoquée comme un paradis
perdu.
|
|
|

Dans l'exposition de « qui est pauvre et qui est riche » on devine un délayage psychologique fait pour que les lecteurs et auditeurs des pays riches ne se sentent ni trop satisfaits ni trop honteux et ceux des pays pauvres ni trop consternés ni trop perplexes.
Srce : Stock.XCHNG
|
|
Statistique d’économistes. Les critères d’évaluation varient
très sensiblement : Un pauvre a-t-il une télévision ou une
radio ? Si oui, de quel type ? Une voiture, un deux-roues ? Si
oui, de quel âge ? Mange-t-il de la viande ? Si oui, une fois par
semaine ou une fois par mois ? Le chiffre final est malgré tout à peu près
le même chez tous les économistes : 5 milliards de pauvres — L’extrême
pauvreté, par contre, s’évalue à partir de critères très précis, mais aussi arbitraires,
bien qu’avec des risques d’erreur moindres, puisqu’ici on approche la valeur
zéro —. L’économiste voyant la pauvreté sous l’angle strictement matériel, son
objectivité serait totale, selon le rationaliste. C’est — qui ne le sait ?
— avec des yeux d’animal que le rationaliste voit l’homme, lequel et sa
pauvreté avec lui sont loin d’être objectivement faits de seuls éléments
matériels. Mais bon ! Si une grande pensée moderne a vu la condition
humaine sous son angle total : corps, esprit et âme (Rév d’Arès 17/7), où l’a-t-on lue ou entendue ? Dans La Révélation d’Arès. Tout le monde ne l’a pas lue, loin de là. Aussi ce qui nous reste d’intelligence (Rév 32/5) nous dicte-t-il de partir de l’économie, puisque c’est elle qui, pour le moment,
parle de pauvreté en mots clairs pour la masse.
La pauvreté est donc, pour l’homme commun, définie par l’économie,
mais l’économie n’est jamais qu’un des multiples sujets qui, additionnés, constituent
l’anthropologie générale. Autrement dit, la connaissance de la pauvreté sous
tous ses aspects participe de la connaissance fondamentale de la vie et des
ressources terrestres, parce que quelque 80 % de l’humanité vit pauvre
selon les critères des économistes riches. 80 % ! Ce chiffre vous
cloue sur place, mais l’homme réfléchi regrette vite qu’il soit impossible d’entendre
aussi les économistes pauvres. Impossible. Lit-on jamais des dépêches
scientifiques de Tananarive, Quito ou Delhi ? Toute connaissance sérieuse
semble venir de Washington, Paris ou Berlin. C’est l’information occidentale, partout
relayée, qui fixe au monde la connaissance. Celle-ci, même scientifique
(l’économie est une science), est adaptée au public occidental, d’où elle part,
de sorte que la connaissance de la pauvreté et de la richesse de la planète,
imposée partout, rappelle un peu la connaissance de l’Histoire que recevaient aux
temps coloniaux les Congolais ou Vietnamiens récitant : « Nos
ancêtres les Gaulois… ». Dans l’exposition de « qui est pauvre et qui
est riche » on devine un délayage psychologique fait pour que les lecteurs
et auditeurs des pays riches ne se sentent ni trop satisfaits ni trop honteux
et ceux des pays pauvres ni trop consternés ni trop perplexes. Le bon dosage
des facteurs de satisfaction et des facteurs d’émoi est pour les dispensateurs
de nouvelles scientifiques plus important que la vérité scientifique crue,
laquelle de toute façon montrera toujours assez tôt que la notion de pauvreté
est encore largement conventionnelle.
Si l’information « 1,3 milliard de riches et 5 milliards
de pauvres » ne revient pas régulièrement en gros titres dans les
journaux, c’est parce que personne ne sait vraiment ce que ça veut dire. Le
sens estil : « La pauvreté, tout compte fait, est la normale
humaine » ?. Le sens estil : « Distribuons entre les 6,3
milliards d’humains sur terre la richesse de 1,3 milliard d’entre eux et tout
le monde sera pauvre ! » ? Tout au plus, un petit peu moins
pauvre. À moins qu’on ne décide alors de déclarer riche toute la planète. On
perçoit combien le problème est sensible, au fond.
Dans les journaux l’économiste est peu cité. Populairement
vu comme un intellectuel qui aligne des chiffres, pas vraiment humain en somme,
il est le dernier dont l’homme de la rue attendrait une solution de la pauvreté.
Pourtant, certains économistes ont sans bruit résolu des problèmes locaux
graves. C’est par exemple un pur économiste — et professeur pour réfrigérer un
peu plus le portrait —, qui en 1986 en Bolivie maîtrisa une terrible inflation,
source de pauvreté galopante, que les politiques et autres agents sociaux
n’avaient pu freiner. Il stabilisa la monnaie et sauva le pays d’une éprouvante
pauvreté. Son nom : Jeffrey Sachs, mais qui le connaît ? Dans les
journaux le politique est beaucoup mieux vu, grand pourvoyeur de dépêches et
superbe menteur quand il le faut, même si pour combattre la pauvreté il ne fait
guère mieux et ferait même plutôt moins. C’est l’humanitaire, généralement disponible
pour les interviewers, l’enfant chéri des journaux, le héro, l’annie-cordy de
l’émotion populaire face au malheur, même si les humanitaires n’ont pas
davantage résolu le problème de la pauvreté.
|
|
|

Nombre d'entre nous n'avons pas conscience des déficiences de la créativité économique coupables de maintes formes de pauvreté.
Srce : Stock.XCHNG
|
|
Entre pauvreté simple et extrême pauvreté s’ouvre un éventail
de pauvretés plus ou moins dures — ou plus ou moins douces —, dont les causes
forment un tel enchevêtrement — pêle mêle géographiques, historiques, religieuses,
politiques, administratives, monétaires, etc. — que les media en rendent
rarement compte sous un jour logique. Ils préfèrent le développement
mélodramatique, qui se vend bien. Ceci explique que l’homme commun voie le
problème de façon élémentaire. Pour lui, le plus souvent, les hommes sont
pauvres parce qu’exploités par les riches, les multinationales, les
colonialistes, les patrons, etc. L’homme commun, à plus forte raison, n’a pas
conscience des déficiences de la créativité économique coupables de maintes
formes de pauvreté. L’homme commun ne se préoccupe pas davantage des
statistiques, de celles des économistes déjà cités, ou d’autres comme celles de
la Banque Mondiale. Statistiques intéressantes, même si elles aussi sont
discutables. La Banque Mondiale distingue sur la planète trois degrés de
pauvreté :
La « pauvreté relative ou proportionnelle », celle
de ceux qui ont la nourriture, le vêtement, l’abri et une médecine minimum, mais
qui manquent de tout ce qui autour d’eux ou ailleurs dans le monde est d’une
propriété ou d’un usage allant de soi comme un peu d’espace, des rechanges
vestimentaires, des gourmandises, la radio, le vélo, le téléphone, etc.
La « pauvreté moyenne ou modérée », celle de ceux
qui vivent avec plus de 1$ (O,8€) mais moins de 2$ (1,6€) par jour. Bizarre ce
qualificatif « moyenne ou modérée » ! À Paris vivre avec moins
de 1,6€/jour, c’est la misère noire ; à Tirana, Albanie, c’est déjà moins
dramatique ; à Lambaréné au Gabon, c’est tout à fait correct.
L’extrême pauvreté, celle d’un individu vivant avec moins de
1$ (0,8€) par jour. Ici aussi la schématisation surprend : Si je vis avec
1,02 €/jour je ne suis que moyennement pauvre, mais avec O,79 €/jour,
je suis extrêmement pauvre.
On peut aussi se demander pourquoi la Banque Mondiale a établi ces critères en termes de monnaie plutôt qu’en termes de besoins
minima (textiles, soins médicaux, aliments, etc.). Le pouvoir d’achat de 1$ est
très variable d’un point à un autre de la planète.
En 2005, la Banque Mondiale estime à 1,1 milliard les humains qui souffrent d’extrême pauvreté en Asie et en Afrique, avec quelques
foyers d’extrême pauvreté stationnaire en Amérique Latine. En 1981 il y avait
1,6 milliard d’extrêmement pauvres dans le monde. Le chiffre a régressé de 500
millions en 25 ans, mais reste lourd. En Asie de l’Est la pauvreté a reculé de
58% de la population en 1981 à 15% en 2001. En Asie du Sud elle a reculé de 52%
de la population en 1981 à 31% en 2001. En Afrique noire, inversement,
l’extrême pauvreté s’est aggravée. Même si actuellement le désordre et la
violence en Afrique rendent le nombre des extrêmement pauvres inchiffrable, on
est sûr d’une forte aggravation.
La Banque Mondiale évalue — en dehors des régions de famine
— à 16 millions les humains qui mourront cette année d’extrême pauvreté dans
des régions où la nourriture et les soins médicaux de base (quinine pour le
paludisme, etc.) ne manquent pas pour qui a les moyens de se les procurer. En
Afrique les facteurs aggravants de l’extrême pauvreté sont surtout le sida et
la guerre.
|
|
|

Srce : Stock.XCHNG
|
|
Depuis le 11 septembre 2001 les USA font la guerre au
terrorisme ou plutôt à ses protecteurs et pourvoyeurs vrais ou supposés, pas
seulement en Afghanistan et en Irak où cette guerre s’est littéralement donnée
en spectacle, mais plus encore dans l’ombre partout sur la planète. Il n’avait
pourtant pas échappé à la Maison Blanche que la pauvreté alourdissait la haine
de ceux qui croient voir dans les USA l’unique cause de leurs malheurs. À une solution
économique efficace, mais de procédure lente et peu spectaculaire, tel que le
plan Marshall après la seconde guerre mondiale, les Américains ont jusqu’à
présent préféré les impressionnantes démonstrations de force ou l’invisible
mais très imaginable action de leurs puissants services secrets. Les raisons de
ce choix ne sont pas très claires. Une des raisons pourrait être
celle-ci : Les USA, et beaucoup d’autres pays, ne refusent pas de soulager
les pauvres, mais ne savent pas comment faire pour les atteindre. Pour mettre
en place un plan Marshall il faudrait des partenaires fiables. Nous touchons à ce
qui est peut-être le plus difficile problème posé à tous ceux qui cherchent une
solution aux rancœurs que crée la pauvreté dans des régions du monde où
maintenant parviennent les media en y générant des sentiments, encore inconnus
voilà peu, comme l’envie ou, à l’inverse, l’impression que l’abondance ne peut
venir que de Satan. Comment soulager la pauvreté, sans préjudice des
responsabilités, et apaiser les rancœurs que la pauvreté soulève aujourd’hui, chez
ceux qui en ont réellement besoin sinon par le canal de leurs gouvernements et
administrations ? Or, les pauvres et extrêmement pauvres sont gouvernés et
administrés par quelques compatriotes, qui semblent tout à la fois préférer la
pauvreté aux cadeaux suspects des infidèles ou des réactionnaires et ne voir
aucune raison morale de ne pas détourner vers d’autres emplois l’argent qui
leur serait envoyé.
|
|
|

François d'Assises donnant son manteau à un pauvre homme.
Srce : Wikimedia Commons
|
|
Les économistes le montrent en 2005, on l’a vu, mais c’est encore plus vrai
historiquement : Depuis des millénaires, et même encore récemment (XIXe siècle) en Europe Occidentale et aux USA, beaucoup plus récemment encore en
Europe Orientale, la pauvreté est l’état normal de l’humanité. Mais la pauvreté
se mesure, et se mesure seulement, à l’impossibilité d’avoir ce qui est
disponible pour la richesse. On entre de plain pied dans la relativité,
puisque, quand rien ou pas grand-chose n’est disponible, tout le monde est
nécessairement plus ou moins pauvre, riches compris. La richesse est aussi relative.
Des milliers d’années durant, les riches, rares et
généralement les maîtres, n’ont jamais possédé que ce qui était disponible.
Quoi ? La terre, laquelle invendable et donc incapable d’enrichir au sens du
mot aujourd’hui, était seulement possédable, et encore ! à condition de pouvoir
la défendre contre conquérants et pillards. Quelques cassettes d’or, d’argent
et de gemmes aussi, mais pour acheter quoi dans un monde où il n’y avait pas
grand-chose à vendre (produits artisanaux : tissus, métaux forgés, chevaux,
bétail, nourriture) ? Les seigneurs, très peu nombreux, ont été, siècle
après siècle, à peu près aussi sales, aussi mal chauffés et aussi peu guéris de
leurs maux et douleurs que l’étaient leurs sujets pauvres, souvent mieux lotis
dans leurs chaumières que dans des tours. La vie fut très longtemps aussi dure
en Europe qu’en Chine ou en Inde. Il n’y a pas si longtemps, moins d’un siècle,
nos grands parents ou arrière grand parents vivaient pour la plupart
pauvrement, voire extrêmement pauvrement. L’apparition de l’industrie,
l’expansion de la monnaie et de la banque ont rapidement changé tout cela ;
ce sont elles qui ont fait reculer la pauvreté en Europe, quoiqu’au prix
d’autres esclavages, qui ne sont pas le sujet ici. De 1820 à 2000, les progrès
de l’industrie ont accru de 6 à 9 fois le revenu mondial moyen de l’individu — 25
fois aux USA —. Ce que les progrès de l’agriculture seule n’ont jamais pu faire
au cours des siècles, sinon par l’apport efficace de la mécanique agricole,
donc de l’industrie. Le revenu personnel continue de croître, mais il est accompagné
d’accroissement démographique important. Une nouvelle cause de pauvreté apparaît
alors dans des régions du monde où, les mœurs politiques n’ayant guère changé,
nous retrouvons le problème laissé en suspens plus haut : Comment faire
parvenir aux vrais nécessiteux une aide dont les dominants ne voudront pas si
elle est technique, et dont il feront un autre usage, si elle est financière ?
|
|
|

Le malheur est pour une large part sentiment de malheur comme le bonheur est pour une large part sentiment de bonheur.
Srce : Stock.XCHNG
|
|
Voilà quelques mois, un banquier, pas mauvais homme, mais
réduit à ce que son traintrain bancaire lui permettait de penser, demanda au
frère Michel, l’aîné (Rév. d’Arès 16/1) des Pèlerins d’Arès :
« Vous faites dans l’humanitaire, bien sûr ? » Il sous-entendait :
Pour vous faire une bonne image publique ? Le frère Michel répondit :
« Non. De grands organismes sont cent mille fois mieux pourvus que nous
pour l’humanitaire. La Révélation d’Arès nous éveille au besoin d’éliminer le mal en général, pas uniquement le mal social qui est peu de
chose à côté de l’agonie de la vie spirituelle. Nous travaillons, d’abord sur
nous-mêmes par la pénitence, à la dissolution du malheur humain [œil
incompréhensif du banquier]. Pour ce qui est de la charité personnelle, chacun y
est tenu, mais dans ce domaine l’affichage et la vantardise ne sont pas un
plus : Que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite ! Quant à la charité institutionnelle et organisée, elle n’a pas apporté de
solution finale à la pauvreté ou à l’extrême pauvreté. »
Le banquier hoche la tête, dit : « C’est vrai,
mais on ne peut rien faire de plus. » Le frère Michel : « En
disant ça, vous croyez à la fatalité du malheur. Or, depuis que j’ai reçu La Révélation d’Arès, je ne crois plus à la fatalité du malheur. Le malheur, sujet
immense… Passons ! Arrêtons-nous à un seul de ses aspects, pas le
moindre : Le malheur est pour une large part sentiment de malheur comme le
bonheur est pour une large part sentiment de bonheur. »
Le banquier, piquant : « La méthode Coué ?
C’est pas sérieux. » Frère Michel : « Dans la vie spirituelle
comme dans la vie morale tout commence toujours par une pensée, par des mots.
L’important, c’est que ça ne se poursuive pas par des mots comme fait la
religion, mais par des actes. Pour nous, Pèlerins d’Arès, l’acte fondamental n’est
pas la charité matérielle, mais la pénitence, qui est charité
spirituelle. Oui, le pénitent fait don au monde de son refus de faire le
mal et de sa volonté d’aimer, pardonner, faire la paix, réfléchir. Ce don est
précieux parce qu’il peut se reproduire chez d’autres, ce que ne fait pas le
pain donné au pauvre qui, comme disait Jésus, finit dans la fosse d’aisance. Le Jour du créateur (Rév d’Arès 31/8), le Jour où il n’y
aura plus ni pauvreté ni richesse [tête du banquier], viendra quand les pénitents auront fait reculer le mal et le malheur dans les cœurs. Les pénitents peuvent ainsi, d’une certaine façon, être des économistes à leur manière [regard
vague du banquier]. Vous, vous pensez aux actions humanitaires
hypermédiatisées. Vous les croyez seules dignes d’éloges ? Mais non. L’histoire
dira que nous ne faisons pas moins que les grands secours matériels. Voyez le
blé déchargé par cargos entiers en Somalie, qui souffre d’extrême pauvreté. Ce
blé dut récemment être jeté à la mer à Mogadishu ! Pourrissant après des années
de stockage, il dégageait une puanteur asphyxiante. Si, au lieu de claironner
cette « charité », on avait écouté ceux qui avertissaient que les
routes et les transports étant quasi inexistants dans le pays, le blé ne
pouvait être camionné jusqu’aux nécessiteux, on aurait évité ce gâchis. Bien
sûr, le rejet de milliers de tonnes de blé "humanitaire" pourri à la
mer n’a pas été médiatisé. »
|
|
|

Seule une solution spirituelle a des chances de triompher définitivement des périls qui planent au-dessus du monde, mais elle repose sur un changement total de conception de l'homme et de la société.
|
|
Pendant des
millénaires, la richesses ayant été rare et très relative et la pauvreté la
condition quasi-universelle, cette dernière n’était pas ressentie comme un
« scandale », ainsi qu’elle le serait après que les idéologies
socialistes, Marx surtout, eurent fondé de nouvelles espérances et un nouvel
état d’esprit. Espérances terriblement déçues, on le sait. Parlez-en à un
syndicaliste ou à un communiste. Ils détournent le sujet. Ils gagneraient à faire
un tour du côté des sources.
Longtemps, dans les régions de mentalité biblique, ni la
pauvreté ni la richesse n’étaient recommandées. Ne me donne ni pauvreté ni
richesse, parce que la richesse inspire souvent l’orgueil et la vie
dissolue et parce que la pauvreté peut inspirer le vol, voire le crime. Aussi, donne-moi
juste ma part de pain, de peur que, trop bien nourri, je ne renie le Bien (Proverbes
30/8-9). Ces paroles s’adressent à l’Éternel. On crut longtemps que lui
seul décidait du sort pauvre ou riche de chacun, jusqu’à ce que Jésus montre,
en Galilée comme à Arès, que, sauf exception, l’homme se donne pauvreté ou
richesse lui-même. Bien plus, si l’homme est assez sage pour en décider, il
peut choisir entre l’une et l’autre et imprimer à son choix une dynamique
positive. Pas sans danger en ce qui concerne la richesse : Plus facile
à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans
le royaume de Dieu (Marc 10/23-25). Les moines et moniales ont cru éviter
ce péril en faisant vœu personnel de pauvreté, mais ce n’est pas se moquer que
de rappeler que leur pauvreté n’a pas fait reculer la souffrance sur terre, pas
plus que leur prière. En dépit de leurs mérites, les fameux
« paratonnerres du monde » ont échoué. C’est parce que, en réalité,
Jésus n’a jamais émis de jugements de valeur sur la pauvreté ou la richesse. Il
eut même des amis riches. Les grands problèmes du monde sont ailleurs.
Les pauvres auxquels l’évangile est annoncé sont les pauvres en esprit (Matthieu 5/3), pas forcément démunis des biens
terrestres. Les pauvres au sens d’humbles comme dans les Psaumes
ou dans Isaïe. Après le retour de Jésus à Arès, ces humbles qui, bien
mieux encore que leurs devanciers voient les limites atteintes par l’Histoire,
n’attendent plus des initiatives humaines aucun dépassement à moins qu’elles se
fondent sur la pénitence. Ils se font une âme (Rév d’Arès 17), l’anoblissent
et la fortifient par l’amour, la paix, la liberté et l’intelligence spirituelle et, cherchant d’autres pénitents, travaillent
à changer le monde en plantant peu à peu et de proche en proche une
forêt d’âmes — C’est le Fond du grand message d’Arès.
La Révélation d’Arès nous éloigne de la comparaison manichéenne — le pauvre serait foncièrement bon, le riche foncièrement
mauvais —, d’ailleurs empruntée au christianisme vulgaire, faite par le socialisme
et le communisme populaires. Pour le socialisme la seule richesse souhaitable
n’est conçue que collective — kolkhose, kiboutz, capitalisme d’état —. La Bible, qui ne voit la richesse qu’individuelle, ignore la notion de richesse collective. Avec
sagesse. La richesse collective sous l’étoile rouge n’a jamais été que la somme
d’une myriade de pauvretés personnelles et s’est finalement avérée non viable,
entraînant dans sa mort tout le bloc communiste en 1990. La pauvreté ne semble
pas avoir reçu le moindre soulagement de ces terribles remous.
C’est un fait, si la pauvreté a reculé et la richesse changé
de nature (aujourd’hui richesse en finance), l’idéologie et la politique n’y
sont pas pour grand-chose. Seules l’industrie et sa dynamique d’enrichissement
l’ont permis. L’industrie n’est pas une entreprise idéologique ou politique,
mais notons bien qu’elle est presque aussi fragile, 75 % de ses produits
n’étant pas de première nécessité. Elle dépend donc en grande partie d’un
marché artificiel. L’industrie dure seulement parce qu’elle travaille beaucoup
et innove régulièrement, c’est sa supériorité sur la politique.
Seule une solution spirituelle a des chances de triompher définitivement
des périls qui planent au-dessus du monde, mais elle repose sur un changement total de conception de l’homme et de la société. On ne peut alors que porter
plus d’attention à l’appel de La Révélation d’Arès : Il faut changer le monde (28/7) ! Non changer la pauvreté en richesse, ce qui, du
fait de la valeur relative de l’une et de l’autre, n’a pas grande signification.
Il faut changer l’intellect en intelligence, le recours à la loi
en recours à l’amour, etc.
La Révélation d’Arès ne parle pour ainsi dire pas de pauvreté au sens matériel. Le mot pauvreté en est absent. L’adjectif pauvre apparaît dans L’Évangile Donné à Arès, mais pas dans Le Livre. La Révélation d’Arès à sa manière répète la Parole de toujours, à savoir que l’homme doit se préoccuper de ce qu’il a dans le cœur, non dans son compte en
banque. On peut être matériellement riche et en même temps bon spirituel au
regard du Père. Autrement dit, les biens n’ont rien à voir avec les pauvres et les riches en spiritualité. Et dans la même veillée ceux qui deviendront
riches de toute la terre après avoir été dignement pauvres (Rév d’Arès 28/15) s’entendent au sens que Thérèse d’Avila donnait à pauvreté en disant :
« L’honneur du pauvre, c’est sa vraie pauvreté, » c.àd. sa pauvreté
comme absence de penchant pour Mammon (Luc 16/13). Nous Pèlerins d’Arès
disons similairement : le riche en bonté est pauvre en péché. Thérèse
d’Avila, carmélite par accident en des temps où les spirituels d’exception
n’avaient d’alternatives que la voie que leur offrait l’église ou le bûcher,
aurait fait une bon Pèlerin d’Arès.
|
|
|

Ne demandez pas si, pour avoir la vie spirituelle, il faut être riche ou pauvre, croyant ou incroyant. Un riche comme un pauvre, un croyant comme un incroyant, peut être spirituel.
|
|
On a vu que le pauvre, partie intégrante du fond de commerce
politique, la politique ferait exister le pauvre s’il n’existait pas. Ici la
pauvreté, quel que soit son niveau de réalité, est nécessairement négative ;
sinon la politique ne positiverait pas. Ailleurs la pauvreté devient raisonnablement
relative, on l’a vu aussi. Pour l’économie elle est relative aux ressources du
lieu. Pour la morale ou la psychologie (selon l’argument), elle est relative à
l’idée qu’on s’en fait. Mais pour La Révélation d’Arès elle peut être positive.
Pas cette positivité religieuse ou idéologique, qui présente
les pauvres comme les élus automatiques du paradis de Dieu ou du paradis
socialiste. Une positivité construite avec ce que peut généreusement donner la
pauvreté, laquelle est plutôt censée généreusement recevoir. La contradiction contredite
en somme, dynamisée par ses antilogies mêmes.
Les réalistes du monde disent : « Il y a les
riches et les pauvres, les puissants et les faibles, c’est comme ça, on n’y
peut rien. » La Révélation d’Arès, qui elle aussi, du premier au dernier mot, est réaliste, répond : « C’est vrai, mais inique (injuste, 28/18), » et propose de vaincre l’injustice de cette vérité
du monde par la justice de l’autre Vérité, qui est que le
monde doit changer (28/7). Deux vérités ? Oui, explique frère Michel,
témoin de La Révélation d’Arès, parce que la Vérité absolue est encore pour nous aussi invisible qu’une « lourde et longue
amarre qui nous attache au Fond, et qui passe dans nos mains très
lentement, de sorte que nous n’en voyons que quelques tresses à la fois ; »
tresses qui seront les seules vérités accessibles tant que nous n’aurons pas
rentré l’amarre entière (Nous Croyons, Nous Ne Croyons Pas, Prologue). Mais
nous savons que cette longue amarre, qui nous relie au Bien, est faite
de tous les hommes qui redonneront le bonheur au monde, ces heureux qui auront été dignement pauvres — pauvres en toutes valeurs auxquelles
le monde attache du prix —, mais qui auront entendu l’appel du
dépassement, heureux même s’ils haïssent leur créateur (Rév d’Arès 28/14-18).
Comprendre que l’homme actuel, proie de la douleur et de la
mort, n’est pas l’homme normal, c’est comprendre que sa condition normale n’est
ni la pauvreté ni la richesse, mais une autre condition à exhumer des décombres
laissés par Adam (Rév d’Arès 2/1-5). C’est comprendre que la vraie richesse sera d’une autre nature : le bonheur, ainsi comprendre que la richesse et
donc la pauvreté, matérielles, ne sont qu’accidentelles, accessoires, sur la
longue Voie qui conduit aux fins dernières. Tout cela, La Révélation d’Arès le dit de diverses façons, par exemple en rappelant que contrairement
à ce que la culture religieuse affirme, aucune vertu ne se dégage des
efforts de certains (prêtres, moines, nonnes), qui font vœu de célibat
et de pauvreté en croyant par là s’élever (38/7), mais qu’un être
nouveau accède à l’existence — au sens existentialiste — par l’héroïsme spirituel (Rév d’Arès XXXV/4-12). Non l’héroïsme de s’imposer des privations, mais l’héroïsme de qui change sa vie (30/11) et change sa faiblesse en puissance.
Ce n’est plus alors la pauvreté en soi qui aide, mais l’absence de souci
matériel qui fortifie l’âme. Si la politique se fait l’alliée du pauvre
pour s’en faire élire, il y a belle lurette que la même politique combat
d’autres pauvres, comme Gandhi.
Pour comprendre tout cela il faudrait un long développement,
qui n’a pas sa place dans un petit magazine trimestriel. Une pensée du frère
Michel le remplacera, synthèse du Pèlerin d’Arès périodique (1978 ou
1979) et d’autres propos prophétiques. En gros: « Ne demandez pas si, pour
avoir la vie spirituelle, il faut être riche ou pauvre, croyant ou incroyant.
Un riche comme un pauvre, un croyant comme un incroyant, peut être spirituel.
Ce qu’il faut savoir, c’est que l’un des grands objectifs de la vie
spirituelle, outre la recherche de la bonté, est de changer le
besoin d’avoir en besoin de ne pas avoir. Quiconque acquiert le besoin de ne
pas avoir peut avoir des richesses, il les utilisera bien, et s’il est ruiné,
il ne perdra ni sa foi ni son ardeur spirituelle. Voyez Job ! (La Bible) » Le frère Michel ajoute parfois : « Je connais des pauvres qui
seraient d’horribles riches, égoïstes et cupides. »
La pauvreté matérielle n’étant pas en soi une source de vertu, son seul intérêt est d’être pour des hommes d’exception un défi qui les grandit, un choix, spirituel ou philosophique purifiant, mais toujours personnel, un
état où « la pauvreté de l’honneur se détache de la pauvreté des
loques » (Shakespeare). Sauf chez ces hommes exceptionnels et chez les héros, dont il a été question plus haut, la pauvreté n’a aucune utilité générale, on l’a
également vu. Elle est même dommageable à beaucoup qui n’y voient ni
ennoblissement ni sagesse et qui ne trouveront pas la vie spirituelle par la
privation matérielle ou par ce qu’ils ressentent comme telle. La pauvreté
gagnerait donc à disparaître et le monde doit s’employer à sa disparition, mais
sans exclure que, pour qu’elle disparaisse, il suffirait parfois que beaucoup
disent : « J’étais pauvre, mais l’envie m’a quitté et je me sens,
sinon riche, du moins pacifié, et ça me comble. » Nous entendons d’ici
rire les rationalistes et les gauchistes grossiers. Ils rient parce qu’ils
confondent pauvreté et extrême pauvreté.
Or, nous Pèlerins d’Arès, sommes bien d’accord qu’il faut
d’urgence réduire l’extrême pauvreté. Elle dégrade l’homme, nuit à sa
prospérité en empêchant la créativité et si elle n’est pas toujours souffrance,
c’est parce qu’elle semble anesthésier ses victimes. Par là elle prouve sa
redoutable force inhibitrice. L’extrême pauvreté est la maladie grave, parfois
mortelle, de la pauvreté. Personne ne sait tout à fait pourquoi elle persiste
dans certains coins du monde où l’apport de biens matériels par des dons du
dehors a été ou reste important. Des hommes de bien finiront bien par trouver
la solution.
Michel Potay dit Frère Michel
témoin de La Révélation d’Arès, fondateur naturel des Pèlerins d’Arès
|
|
|