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En 2005 la France célèbre 100
ans de Loi Combes.
Les Pèlerins d’Arès, des
laïcs, non des religieux, méditent plus intensément que d’autres sur la
neutralité qui doit marquer la vraie vie spirituelle.
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Pour le passant la transcendance n'est pas le souci premier, il est surpris, mais il ne dit pas non. Il admet qu'il a une conscience et que ses actes ont des conséquences sur la société.
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Il y a quelques temps, à
Paris, rencontre entre un missionnaire et un passant - Pour un Pèlerin d'Arès
un missionnaire est en fait un moissonneur (Rév d'Arès 31/6, 35/1-2).
S'il semble confondre ces mots, ce n'est pas par synonymie, c'est seulement par
allitération ou consonance et parce que missionnaire provoque chez l'interlocuteur
moins de questions que moissonneur. Un missionnaire cherche à convertir.
Un moissonneur cherche plutôt ceux déjà convertis sans le savoir, ce
beau blé (le petit reste) que le créateur par La Révélation d'Arès vise
à engranger (38/5). La distinction entre chercher à convertir et
chercher des convertis n'est pas très apparente dans la précipitation des
rencontres sur la voie publique, mais elle existe.
Le moissonneur est un pénitent, une créature du système s'efforçant de devenir une créature du Bien,
un homme du temps qui vient (30/13). Comme il sait que quiconque change
sa vie en bien (30/11) change le monde en bien (28/7),
il sillonne le champ du monde pour y trouver d'autres pénitents, généralement
potentiels.
Donc, il y a quelques temps,
à Paris, rencontre entre un moissonneur et un passant qui, dans la
conversation, dit qu'il est magistrat et protestant réformé. Le moissonneur, lui, est l'auteur du présent article et apôtre comme tout Pèlerin d'Arès. Il
va, aussi souvent qu'il peut, par les rues, les places, tout lieu de rencontres
de hasard, au devant des hommes sans a priori sur ce qu'ils sont ou
espèrent. Il voit dans tout frère ou sour humain un reflet particulier
parmi les innombrables reflets des roches (27/6) que forme notre
humanité. Il voit ce que ne voudrait plus voir le système, qui déploie tant
d'efforts pour uniformiser ses citoyens.
« Comme tout humain vous
êtes de nature spirituelle, dit le missionnaire au passant. Vous êtes fait pour
la transcendance. » Pour le passant la transcendance n'est pas le souci
premier, il est surpris, mais il ne dit pas non. Il admet qu'il a une
conscience et que ses actes ont des conséquences sur la société. En général,
tout passant souscrit à ces idées essentielles, qui le valorisent. L'incompréhension
commence, quand le moissonneur passe à un fait particulier et
surnaturel : « À Arès en Gironde, en 1974, Jésus se montra et parla à
un prêtre sans mérite particulier, qu'on appelle maintenant frère
Michel. » Le regard du passant devient vague, voulant dire :
« Jamais entendu parler. » Le missionnaire : « Jésus. Mais
attention ! pas un Dieu, Jésus est un homme comme vous et moi. Il est
seulement ressuscité, évadé du temps et du système. Jésus donna un message
surprenant, parce qu'on croyait que la religion avait définitivement réglé la
question du salut. Que dit-il ? Qu'il serait temps que des hommes se
décident à changer leur vie en bien pour changer le monde en bien
et qu'il n'y a pas d'autre vérité que celle-là (Rév d'Arès 28/7,
30/11). Le champ de l'humanité est depuis longtemps semé de
bonne graine (6/2, 37/8, 38/3), mais attend toujours d'être récolté -
L'allusion à l'échec du christianisme est claire -. Changer le monde comment ? Par des lois ? Oh non ! Par l'amour, le pardon, la paix, la liberté absolue de chaque individu. C'est le message
de l'évangile jamais accompli depuis 2.000 ans. »
Le passant sent que ce
missionnaire-là ne compte ni sur la « grâce divine imméritée » des
théologiens ni sur les lois républicaines, mais seulement sur son amour actif
pour se sauver et sauver les hommes. Le passant sourit par
politesse, mais, sachant que la foi est toujours et partout un parti pris,
discutable, il parle soudain en magistrat habitué à avoir le dernier mot. Il
cache sa réticence à placer le débat sur le plan du coeur (Rév d'Arès X/16) par
un bref discours civique qui se termine par : « La République ne se
préoccupe pas de ces considérations. Elle a une loi et l'applique. » C'est
sa façon de répondre à cette Révélation d'Arès qui préconise un monde sans
lois, une idée dont le monde crut se débarrasser voilà 2000 ans en clouant son prophète sur la croix, et qui nous revient opiniâtrement.
Le moissonneur répond : « La république en restera-t-elle indéfiniment à la solution
de la loi qui n'a rien résolu depuis des millénaires ? C'est triste, ce
refus d'entendre une suggestion qui pourrait résoudre des problèmes encore sans
solutions. Des problèmes qui s'aggraveront encore sans un fort réarmement
spirituel public. Le spirituel n'est pas le religieux ; une république
laïque peut considérer des solutions spirituelles. » Le magistrat
protestant semble ailleurs. Le missionnaire se tait, mais sait qu'il a eu
raison de souligner la ruine qui menace le maître qui ne donne pas
l'obole du vrai (Rév. d'Arès XXXIV/4).
Le magistrat demande
alors : « Représentez-vous une organisation ? » La réponse
demanderait un peu de temps et de calme, mais sous les arcades d'un complexe
commercial. L'apôtre dit brièvement que La Révélation d'Arès ne définit
pas la rencontre de la vie spirituelle avec la vie en société en termes
« d'organisation », républicaine ou d'autre sorte. L'épanouissement
spirituel de la société humaine étant impossible sous un harnais, doit
se faire dans la liberté absolue (Rév d'Arès 10/10). Cette
nouvelle façon de vie sociale, nos faibles lumignons (32/5) devront bien
l'envisager tôt ou tard. « Mais bon ! Pour en revenir à votre
question, non, je n'émane pas d'une structure. J'émane d'une famille de
consciences, » conclut le missionnaire.
Les deux hommes se séparent.
Dans la rue toute rencontre est brève, même quand il en jaillit quelques belles
étincelles. Généralement le dialogue entre missionnaire et passant tourne
court, par manque de temps, par blocage psychologique, par incompatibilité
sociologique ou par toute autre cause irrationnelle. Le concept de laïcité,
ressenti différemment chez l'un et chez l'autre, creuse aussi, assez souvent,
le vide entre eux. Un passant est généralement un laïc et le moissonneur de La Révélation d'Arès est un laïc aussi, mais le passant ne le voit
pas ainsi. Il doute que dans un pays laïc le spirituel ait le droit de
s'exprimer sur la voie publique. Il voit plus ou moins le missionnaire comme un
hors-la-loi et redoute que d'être vu avec lui attire la déconsidération,
peut-être aussi des ennuis. Mais qu'est-ce que la laïcité ?
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Par la loi Combes le gouvernement de la France garantissait la liberté de conscience et le libre exercice des cultes.
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La laïcité, dans une société
grande ou petite - dans un pays ou dans une association - est la séparation
claire du civil et du religieux, le civil n'exerçant aucun pouvoir religieux et
le religieux, bien qu'autorisé, n'exerçant aucun pouvoir civil.
En 2005 on célèbre en France
le centenaire de la laïcité advenue par une loi fameuse, souvent appelée loi
Combes. Cette loi n'apparut pas par pure brutalité idéologique ou haine de
l'église ; elle survint comme la seule solution à une cohabitation
problématique de la république et de l'église, celle-ci ayant, cent ans durant,
systématiquement dérogé au Concordat. L'exposé des motifs de la loi Combes
explique bien pourquoi des députés, dont beaucoup étaient croyants et même
pratiquants, se résignèrent à la voter : « Messieurs les députés, [.]
le Concordat a été systématiquement et journellement violé par le pouvoir
religieux. Le gouvernement vous a fait connaître qu'il ne lui paraissait pas
possible de maintenir plus longtemps un régime qu'il était seul à respecter, et
il vous a indiqué dans quel esprit et d'après quels principes il était résolu à
vous proposer de consacrer un régime nouveau, le régime de la séparation des
Églises et de l'État. » Cette loi allait être très vite plus connue comme
« loi de séparation de l'église (au singulier) et de l'état », car
c'était le catholicisme qu'elle visait, bien que, république oblige, elle s'appliquât
à toutes les religions.
La référence au Concordat,
signé en 1802 par Bonaparte et le pape Pie VII, était encore claire pour
des députés de 1905. Pour nous, en 2005, c'est du brouillard. Pourtant, sans
rien savoir du Concordat, on ne peut pas très bien comprendre la situation très
tendue dont avait hérité Émile Combes en devenant chef du gouvernement français
en 1902.
Avant 1789 l'église
catholique avait joui de droits seigneuriaux comme la noblesse. En 1790 le
clergé catholique non seulement avait perdu ces droits, mais était tombé sous
la coupe d'une loi révolutionnaire le traitant comme un corps de fonctionnaires
de la république - les fameux « prêtres jureurs » - et contraignant à
l'exil ceux qui avaient refusé ce statut. Bonaparte, premier consul, avait
compris l'absurdité de cette situation. D'une part, les religieux, souvent
excellents lettrés, bons psychologues, maîtres de collège, professeurs, étaient
à cette époque partie intégrante et nécessaire de la société au même titre que
les notaires ou les médecins. D'autre part, il y avait totale incompatibilité
entre des religieux et l'administration profane qui les contrôlait. En
proposant à l'église catholique un Concordat qu'elle avait accepté, Bonaparte
lui avait redonné une indépendance sous certaines conditions, notamment de
fidélité du clergé à la France et à ses lois. Bonaparte avait prévu que le
Concordat ferait rentrer en France les évêques et prêtres exilés, mais il
n'avait pas prévu qu'ils n'auraient rien compris des changements profonds de la
mentalité en France depuis 1789. Le clergé retour d'exil s'était empressé
d'ignorer le Concordat, agissant comme s'il n'avait jamais cessé de jouir de
ses privilèges seigneuriaux d'avant la révolution. Sa conviction
« d'exister de droit divin », tout au long du XIXe siècle,
avait empêché le règlement amiable des problèmes ainsi soulevés jusqu'à
constituer un contentieux administratif énorme. Les évêques avaient joué sur
leur popularité, y trouvant l'impunité pendant quelques décennies, mais avaient
mal évalué la perte graduelle de leur influence sur la population. En 1905, les
Français, bien que restés majoritairement catholiques, étaient mûrs pour
accepter la loi qui allait séparer définitivement et radicalement l'église
catholique de l'état.
Par la loi Combes le gouvernement
de la France garantissait la liberté de conscience et le libre exercice des
cultes sous certaines restrictions (pas d'exercice cultuel sur la voie publique
sauf les funérailles, etc.), mais cessait d'assurer les salaires des clergés,
de subventionner les cultes, quels qu'ils fussent, et de supporter le coût de
l'entretien et des travaux dans les édifices religieux sauf dans ceux devenant
biens publics ou historiques, etc.
Après cent ans, la loi Combes
donne toujours lieu à des discussions. Les uns en demandent la révision.
D'autres estiment que la collectivité doit payer, du moins en partie,
l'entretien et la réfection de lieux de culte non prévus par cette loi.
Rappelons que l'application
policière brutale, plus ou moins revancharde, de cette loi provoqua entre 1905
et 1908, plus sporadiquement ensuite, des situations dramatiques :
Ecclésiastiques jetés à la rue et/ou tombant rapidement dans la misère,
congrégations contraintes de s'exiler, etc. Aujourd'hui encore, de part et
d'autre, un certain esprit de règlement de comptes demeure sous-jacent. Rien de
tel, par contre, n'habite les Pèlerins d'Arès, pourtant fervents défenseurs de
la laïcité.
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La Parole d'Arès désigne par culte tout exercice de vénération, celle d'une divinité comme celle d'institutions politiques, du drapeau, des cours de justice, etc.
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Dans La Révélation d'Arès
le sens de culte est très large. Le mot s'applique aux religions avec
Dieu comme aux religions sans Dieu. Le prince du culte (Rév d'Arès
nombreuses réf.) est autant l'évêque que le préfet ou que le président du
tribunal. La Parole d'Arès désigne par culte tout exercice de vénération,
celle d'une divinité comme celle d'institutions politiques, du drapeau, des
cours de justice, etc. En d'autres termes, elle considère la politique et
maintes institutions laïques comme des religions sans Dieu (roi noir, Rév
d'Arès), la prolongation athée de la religion théiste (roi blanc),
chacune avec ses dogmes, ses crédos, sa hiérarchie, soumettant la masse à un
respect et une obéissance quasiment sacrés. Pour la loi Combes, cependant, le culte n'est évidemment pas le culte de la république, mais celui de l'autre, de la
religion avec Dieu, quelle qu'elle soit.
La laïcité , on l'a vu,
est l'état de séparation du civil et du religieux, le civil n'exerçant aucun
pouvoir religieux et le religieux n'exerçant aucun pouvoir civil, mais notons
que l'esprit de laïcité ne vint pas tout de go en 1905. Il est très ancien. Il
était déjà dans l'air lors de la réforme protestante, XVIe s. - Des historiens
voient dans les termes de la paix d'Augsburg, 1555 : cuius regio, eius
religio., l'avant-scène de la future séparation de l'église catholique et
de l'état -. Plus ouvertement exprimée au temps des lumières (Diderot,
Voltaire, etc.), la laïcité commença à donner de la voix après la publication
en France, en 1788, de la constitution américaine, une grande date dans
l'histoire de la laïcité. La laïcité ne pouvait que se développer à son tour
l'année suivante en France, en 1789.
La lutte pour la laïcité
cacha très souvent le peu grandiose anticléricalisme. Le clergé catholique
avait accumulé depuis le haut moyen âge biens et prérogatives, dans lesquels
ceux qui seraient appelés les anticléricaux voyaient une rapine plutôt que la
conservation d'un bas de laine et de charges patiemment gérés, oubliant,
souvent en toute mauvaise foi, que la rapine est un fait des politiques plutôt
qu'un fait des religieux. Défiants envers le bien matériel et le prestige de
l'église, les anticléricaux voulaient l'en dépouiller, parfois se les
approprier, au lieu de prouver par leurs comportement et actions qu'ils en
méritaient autant, si tant est que les uns et les autres aient mérité quelque
chose.
Au plan plus noble et plus
intéressant des idées philosophiques et morales, les pionniers de la laïcité,
généralement partisans du rationalisme et/ou de la liberté de conscience,
existent depuis qu'existe la religion. On le voit bien par l'éthymologie. Le
mot laïcité dérive de lai - français du XIe s. : les frères lais ont été
jusqu'à nos jours les moines non-prêtres -, venu du latin laicus, tiré du grec
laïkos, très ancien mot signifiant « du peuple ». Au plan politique
la laïcité, aspiration millénaire marquée de hauts et de bas, finit par
s'établir dans les textes, particulièrement par les lois de Jules Ferry,
lequel, après avoir interdit la France aux Jésuites (1880-81), fit voter en
1882 une loi restée fameuse dans toute l'histoire de l'école publique laïque.
Jules Ferry est une preuve que le combat pour la laïcité a toujours été très
âpre, puisqu'il mourut assassiné en 1893.
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Quand détecterons-nous le cri d'alarme de ceux qui veulent évoluer dans la véritable et effective liberté de conscience que prétend défendre la loi sur la laïcité ?
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Beaucoup oublient que les
lois Ferry sur l'école laïque furent en partie inspirées par des expériences
protestantes suisses, rapportées à Paris par Ferdinand Buisson, qui avait lancé
à Neuchâtel Le Manifeste du Christianisme Libéral (1869). Agrégé de
philosophie français, exilé après son refus de prêter serment de fidélité à
Napoléon III, Buisson aida Ferry à rédiger ses fameuses lois sur l'éducation
publique - Peut-être même les rédigea-t-il entièrement -. Il recevrait le prix
Nobel de la paix en 1927.
Ferdinand Buisson, le
pédagogue Félix Pécaut et d'autres testèrent, dans les années 1870, des
méthodes pédagogiques, révolutionnaires pour l'époque, comme l'orphelinat
Gabriel Prévost à Cempuis dans l'Oise, établissement pionnier en matière de
mixité et d'application de la philosophie positiviste d'Auguste Comte. Cette
école eut surtout le mérite de tester une approche non autoritaire d'éducation
scolaire à une époque où l'on imaginait mal que la soumission aux maîtres et à
la classe dirigeante ne fût pas le principe premier. L'esprit de liberté de ces
expériences pédagogiques serait violemment combattu par les bien-pensants, que
l'anticonformisme effraie toujours. La république finira quand même par gagner
la bataille de l'école laïque.
Pour autant, qu'est ce qui
est vraiment résolu, notamment à l'école ? La neutralité métaphysique, qui
marquait théoriquement l'esprit laïc voilà un peu plus d'un siècle, disparaît
encore sous la passion antireligieuse, particulièrement autour de l'école et de
l'enfant. L'inquiétude irrationnelle soulevée dans le corps enseignant, en
2004, par le voile qui couvrait certaines élèves musulmanes en fit la preuve.
D'autre part, quelque chose dans les récentes manifestations de lycéens - mars
et avril 2005 - nous dit combien la jeunesse comme la liberté demeurent des
enjeux que les pouvoirs ont toujours tenté de maîtriser, mais qui fuient
régulièrement leurs filets comme le poisson sent le piège. L'enfant et
l'adolescent resteraient-ils les otages et les symboles d'une guerre
d'arrière-pensées où le vieil adage « Qui maîtrise les jeunes maîtrise le
pouvoir » serait toujours bien vivant ?
Le message de la jeunesse n'a
pas ce sens a priori, si l'on s'en tient aux slogans des cortèges de la
rue, mais si l'on écoute les jeunes attentivement, on sent qu'ils doutent des
qualités et des promesses du monde vers lequel les adultes les entraînent.
Quand détecterons-nous le cri d'alarme de ceux qui veulent évoluer dans la
véritable et effective liberté de conscience que prétend défendre la loi sur la
laïcité ?
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Le Bien, généreux, libérateur, qui refleurira un jour dans les têtes et les cours, le grand jardin spirituel qui ne fanera plus (Rév d'Arès XVI/17), ne se répandra, et encore très lentement, que lorsque nous Pèlerins d'Arès seront capables d'une mission suffisamment convaincante.
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Les crispations face à
l'Islam en France en 2004 montrent que rien n'est vraiment réglé dans le
domaine de la liberté de conscience. Le port ostensible de signes religieux
perçu par certains comme une menace dirigée contre la république et interdit au
sein des collèges ne montre t-il pas davantage la peur chez les uns ou la haine
chez les autres, toujours irrationnelles ? Fallait-il que le ministre de
l'intérieur, qui est en même temps contrôleur des cultes, Nicolas Sarkozy,
préconise de regrouper au sein d'un organisme contrôlé et centralisé le CFCM -
Conseil Français du Culte Musulman - nombre de composantes de l'Islam, dont
certaines ne se sentent pas du tout représentées par cet organisme ?
Est-ce vraiment faire reconnaître officiellement quelqu'un jusqu'alors
considéré comme étranger que de l'institutionnaliser ? L'Islam était-il si
menaçant, notamment dans les prêches de certains imams, que de telles mesures
s'imposaient ? Des observateurs prévoient que bientôt la formation des
imams, et demain celle des rabbins, pasteurs et prêtres, se fera sous contrôle
de l'état et peut être par l'état lui-même. Que deviendrait ici la
laïcité ? On retomberait dans la loi révolutionnaire de 1790 plaçant tout
clergé sous contrôle administratif, que Bonaparte avait jugée absurde.
Nous pouvons partager la
vigilance ou diverses précautions contre les mouvements extrémistes enclins à
la violence pour se faire entendre, mais nous ne devons pas oublier que c'est
aussi par atavisme, donc de façon devenue évolutivement instinctive, aveugle,
que nous sommes tous tentés de résoudre nos problèmes avec brutalité. De cet
atavisme tout le monde porte la tare (Rév d'Arès 2/12). Sauf en cas de
danger évident et immédiat, gardons-nous donc de conclure trop hâtivement que
tel ou tel homme ou groupe nous menace. Gardons-nous de toute hâte plus encore
sous le jour légaliste en croyant que l'ordre, ses lois et ses tribunaux, la
logique policière de tout pouvoir, règleront les désaccords et éteindront les antagonismes.
On ne peut prendre en compte
de façon seulement intellectuelle et rationaliste la complexité des convictions
antagonistes qui, dans une société, rendent la laïcité si difficile à faire
respecter. Si la représentation de toutes les familles de pensées et croyances
est nécessaire pour l'étude de projets communs -le gouvernement est supposé
tenir compte de la diversité philosophique et confessionnelle, autant que de la
diversité politique, de la population -, la laïcité n'est jamais sereine et est
souvent insoluble à cause de la nature juridique même qu'elle s'est donnée. La
laïcité vue et appliquée comme une loi, par conséquent autoritaire, mécaniste
et momifiante, ne permet aucun débat constructif entre des familles
d'espérances variées, y compris la famille d'idées républicaines que
représentent les programmes de partis eux-mêmes antagonistes. Que les règles
que les uns et les autres se fixent soient d'essence théiste ou athée,
métaphysique ou rationaliste, au fond chacun procède d'un même carcan, d'une
même approche doctrinaire. Rechercher des modes de relations entrant dans des
cases, c'est un peu considérer l'humain comme un ordinateur, ce qu'il n'est
pas.
Le Bien, généreux,
libérateur, qui refleurira un jour dans les têtes et les cours, le grand jardin
spirituel qui ne fanera plus (Rév d'Arès XVI/17), ne se répandra, et
encore très lentement, que lorsque nous Pèlerins d'Arès seront capables d'une
mission suffisamment convaincante. D'où pour chaque Pèlerin d'Arès comme pour
le fils prodigue (Luc 15/17) la nécessité immédiate d'entrer en soi
même pour se connaître, ainsi qu'avait déjà recommandé Socrate six
siècles auparavant, et de trouver le courage de rappeler au monde que le
cerveau fonctionne autrement qu'un ordinateur ou qu'une loi. La mémoire humaine
ne peut se comparer à un logiciel ou à un code civil. La laïcité doit être
affaire de cour, non affaire de juges, d'avocats ou d'informaticiens.
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Il importe peu que la France,
grande initiatrice de l'Europe après la seconde guerre mondiale, la France dont
un des hommes politiques les plus connus, Valery Giscard d'Estaing, a largement
contribué à l'élaboration de la constitution européenne, ait voté oui ou non au
référendum du 29 mai 2005. Qu'importe ce que Jacques Chirac a dit, à la
mi-avril, au cours d'un débat télévisé pour défendre le oui et d'autres comme
Emmanuelli ou Le Pen pour défendre le non.
Au-delà des discussions sur
le oui ou le non à une constitution européenne, le scepticisme se lisait sur
tous les visages dans les rangs des assistants alignés derrière les
présentateurs et les orateurs. Qui ne comprenait pas le doute qui saisissait
tout un chacun à la lecture des 448 articles d'un langage juridique, obscur
pour toute personne non avertie ? Qui ne s'interrogeait pas devant un
Jacques Chirac se démenant pour réveiller la confiance d'une nation qui, des
jeunes aux vieux, ne croit plus que l'égalité, la paix et la laïcité qui est
une condition de l'égalité et de la paix, trouvent jamais une solution
satisfaisante dans le juridisme d'un texte, fût-il européen ? C'était bien
le signe que le bras de l'homme noir, l'intellectuel, le politique, a
commencé de pendre (Rév d'Arès XXVII/5), autrement dit, qu'il est de
moins en moins capable de féconder les esprits. Manifeste était, un soir de la
mi-avril, l'incompréhension des jeunes face aux réponses que leur faisait le
président de la république, abstraites, données en termes d'organisation,
d'institutions, de dispositions légales arides. On devinait sur leurs lèvres
des questions que les filtres-presses officiels avaient sûrement censurées,
comme : Avec la constitution européennes l'interdiction faite à nos
camarades musulmanes de porter un voile aurait-elle pu se faire ?
Autrement dit : La laïcité que l'Europe nous prépare est-elle aussi
douteuse que la nôtre ? Ou bien, plus basique encore, cette
question : Le fait pour 25 pays d'ouvrir leurs frontières, d'échanger,
d'avoir la même monnaie, ce fait n'est-il pas en lui-même plus fort qu'une
constitution gravée dans le marbre ? La coexistence effective ne
réalise-t-elle l'égalité et la paix sans qu'une loi écrite (une constitution
est une loi) doive le garantir ? Les questions posées sur les plateaux de
télévision à propos de la constitution européenne, dont on se doute qu'elles
furent préalablement triées, ont une fois de plus ramené les choses au niveau
d'idées générales interprétables de mille façons. Le légalisme, l'éducation
scolaire et morale et la fiscalité, entre autres choses, qui laissent tant de
problèmes irrésolus en France, résoudront-ils ces problèmes à l'échelle
européenne ? Plus essentiellement encore, les Français attendaient qu'on
leur prouve la nécessité d'une constitution à travers des cas d'espèce qui
touchent au cour et à l'âme. Parce que l'attente des hommes est le
bonheur, qui ne se mesure pas en matériel, mais en sentiment d'être heureux et
particulièrement heureux ensemble, et parce que les politiques ne semblent pas
comprendre que le bonheur frustré est la cause montante de la morosité.
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Le mot « spirituel » peut choquer les rationalistes, mais sans intelligence spirituelle pas de fraternité, pas de partage, parce que fraterniser et partager ne sont que trop rarement spontanés.
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Si une tribune télévisée était
accordée aux Pèlerins d'Arès, que diraient-ils ? Quelque chose
comme : « Un texte aussi solennel et généreux soit- il, n'a de valeur
que réalisable et réalisé par ceux qui y adhèrent. Si la constitution française
garantissait, comme certains le croient, un travail et un toit pour tous, cela
serait de toute façon irréalisable à cause des difficultés des employeurs face
au marché mondial. La constitution soviétique garantissait, elle, un travail et
un toit, l'URSS réalisa scrupuleusement cette garantie, mais on a vu comment ça
a fini, en débâcle économique. Autre exemple : La constitution française
garantit la liberté de conscience et de culte, mais elle n'a pu empêcher le
retournement de cette garantie même contre les consciences en laissant s'exprimer,
en 1996, la fameuse commission parlementaire contre les
"sectes" : Il a suffi au parlement de prétendre que les
"sectes" en question menaçaient la liberté de conscience et le tour
était joué. Par ailleurs, il est clair que l'église catholique jouit de tolérances
pour des actes publics que la loi Combes interdit, comme les processions sur la
voie publique, alors que tout autre religion agissant de même serait légalement
sanctionnée. Bref, on pourrait citer quantité de faits contraires à la
constitution partout perpétrés ou même devenus habituels. Tout cela dans
l'indifférence générale. »
Un texte constitutionnel est
fait de mots dont les sens sont flottants et dérivent au gré des moeurs, des
interprétations, des rapports de force, de la bonne ou mauvaise foi de ceux qui
s'y réfèrent. On vient de voir qu'on peut faire dire à une constitution tout et
son contraire, parce que seul l'homme, chacun d'entre nous, a une réalité
concrète et solide. Réalité qui, chez les pénitents - terme qui dans La
Révélation d'Arès n'a pas de sens religieux, mais signifie simplement
hommes de bien - est porteuse de l'amour et du vrai (ou vérité),
lesquels ne peuvent être ni alloués ni imposés à personne. La seule
constitution à considérer et à défendre, c'est l'homme lui-même. Les textes
n'existent pas devant le temple (Rév d'Arès 1/11-12) humain. Lui seul
est sacré.
Dès qu'il fut question d'un
référendum national pour autoriser ou non le parlement français à voter la
constitution européenne, le scepticisme saisit la majorité des Français. Les
politiciens se demandèrent pourquoi, aveugles au fait que les Français ne sont
pas heureux, au fond. Les politiciens ne voient pas que le doute et la morosité
expriment le refus populaire de porter un fardeau trop lourd, de ployer sous le souci des nations (Rév d'Arès XLIX/3), sous le poids de contradictions
de moins en moins solubles, produits de l'idéologie politique, qui en
s'alourdissant finit toujours dans l'incohérence.
Les becs de la grue (l'échassier) politique cassent les élans de tous ceux qui veulent entreprendre
ou réaliser. La grue, monstrueuse avec ses trois pattes, trois ailes,
trois bec (XXII/1-3), est l'allégorie du système trop complexe, souvent
absurde, et toujours trop lourd : commissions, détournements d'héritage
(27/5, 31/5), pressions fiscales, bureaucratiques, techniques et
psychologiques, le fer implacable des lois, décrets, normes. Le citoyen
ne s'y retrouve plus. Même la laïcité, si limpide dans son principe, ne semble
pas applicable, puisque Nicolas Sarkozy en envisage la réforme - lisez :
la complication -. L'homme devine qu'à force de s'alourdir le système va finir
par s'effondrer comme un édifice bâti sur le sable (Matthieu 7/27).
L'Europe comme unité humaine
est plus que souhaitable. Elle forme une étape sur la voie d'un monde changé
(Rév d'Arès 28/7). Mais une conception de l'unité exclusivement économique
et politique ne suffit pas. Elle oublie la dynamique existentielle, donc autant
spirituelle que matérielle, sans laquelle nous laisserons les enfants de
l'Europe crier leur faim (Rév d'Arès 5/4) du pain de l'intelligence spirituelle
(32/5). Le mot « spirituel » peut choquer les rationalistes, mais
sans intelligence spirituelle pas de fraternité, pas de partage, parce
que fraterniser et partager ne sont que trop rarement spontanés. De cela les
discours solennels, tous rationalisants, ne parlent jamais, mais il faudra bien
en parler un jour ou l'autre.
Il faut aussi noter au
passage que le manque de courage empêche la plupart des hommes politiques
d'avouer en public ce qu'ils n'ignorent pas, à savoir que nous allons devoir
nous retrousser les manches. Les retraites et un système social performant, si
tant est qu'il soit raisonnable d'en défendre les formes actuellement trop
coûteuses en France et de les étendre à l'Europe, seront impossibles à
conserver sans une mise en commun des forces, c.àd. de beaucoup de labeur.
Les avantages sociaux ne sont pas étrangers à la laïcité ; celle-ci ne
peut pas exister sans quelque sérénité. La peur d'être frustré se transforme
souvent en intolérance à l'égard des autres.
Ne comptons pas sur le
système pour réaliser l'Europe ! Elle n'existera que si chacun la
développe en lui-même avec l'amour du prochain, sans lequel, quel que nom lui
soit donné : solidarité, mutualité, etc., les Européens n'éviteront pas de
revenir soit à une forme de communisme, soit à une forme de dirigisme lourd, à
quoi conduit tout centralisme administratif pesant. Voici une difficile et urgente
réflexion. De même, le chômage et l'accélération des délocalisations demandent
qu'on se penche très sérieusement, sans à priori idéologique, sur le triptyque
travail-argent-état et les redoutables inconciliabilités qui le paralysent
actuellement. Réflexion qui demande de replacer la liberté absolue (Rév
d'Arès 10/10) et la vertu des heureux (28/15) au centre de tout
projet.
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Les Pèlerins d'Arès ont
beaucoup à apporter. Parce que l'homme est leur souci n°1, ils sont aptes à
réfléchir avec tous les Européens. Ils ne proposent aucune recette
matériellement imparable, mais ils en proposent une spirituellement sûre
d'aboutir : la recherche personnelle du bien, que La Révélation
d'Arès appelle pénitence. Ce mot d'apparence rébarbative n'a pas le
sens de remords ou d'autopunition que la religion lui donne ; dans la
parole d'Arès il signifie seulement volonté d'aimer, pardonner, faire la paix,
être juste et réfléchir. Dans cette pénitence réside l'immense
importance de l'évènement d'Arès pour le monde. Sans doute beaucoup de ceux qui
vivent aujourd'hui dans le sillage de cet événement découvrent-ils encore trop
lentement, comme leurs homologues humanistes, l'ampleur du désastre qu'entraîne
à l'intérieur de l'homme la scission de la Mine et de l'Eau (XXXV/17),
rupture de l'image et ressemblance que la créature eut autrefois avec le
créateur. Cette scission est plus que jamais évidente dans l'abîme qui sépare
aujourd'hui l'exploitation des ressources terrestres et l'exploitation des
ressources spirituelles. Le résultat est cette impossibilité de transfigurer
les activités humaines et sa conséquence : L'affirmation rationaliste
qu'aucune transfiguration n'est possible. En fait, le cramponnage aux habitudes
sociales, à un concept qui nous vient des dents noires (les experts
politiques Rév d'Arès XXV/10, XXVI/1), le cramponnage à une logique
prouvée insuffisante depuis Adam.
Les voix des Pèlerins d'Arès,
encore peu audibles derrière les murailles de la grande citadelle du
système (Rév d'Arès 13/8), seront peu à peu perçues comme un cri de vie
et de raison au milieu du grouillis (III/2), des tempêtes (XII/6) et
du bruit que charrie une humanité trop longtemps visitée par les faux
prophètes (28/5) pour ne pas être devenue sceptique et cynique. C'est
clairement pour armer spirituellement l'homme contre la grave crise qui menace,
stimuler en lui l'intelligence (23/4) endormie, que La Révélation
d'Arès fut donnée en 1974. L'individualité voulue pour l'homme, magnifiée
même, par le créateur, qui reconnaît personnellement chacun de ses fils
et filles : tous les humains, cette individualité n'a d'existence
puissante et heureuse que dans la synergie entre les uns et les autres,
autrement dit dans l'amour.
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Depuis l'aube des temps, il
n'est aucun groupement humain qui n'ait eu à résoudre des casse-tête comme les
difficultés de relation entre individualités aux aspirations et motivations
infiniment diverses. Notre époque moderne a cru les résoudre par un système
qu'elle pense de plus en plus perfectionné, alors qu'il est seulement de plus
en plus compliqué, et, par suite, en réadaptant à tout bout de champ ce système
qui est toujours en retard, sinon toujours à côté des vrais problèmes.
La Révélation d'Arès nous montre une piste qui mène à la solution de ce
dilemme : Elle désigne au singulier l'assemblée idéale des hommes
de bien, mais au pluriel les assemblées réalisables des
« inévitables familles d'affinités », comme dit frère Michel, le
témoin d'Arès. Toute organisation unique qui veut s'imposer à un nombre, que ce
soit une poignée d'hommes ou l'Europe, est vouée à l'échec - Songez à l'échec
du bloc soviétique -. Il faut qu'un nombre se laisse naturellement diviser en
organisations naturelles de variétés indéfinies ou plutôt définies par la seule
réalité, laquelle est que chacun dans sa variété se sente bien pour y acquérir amour,
justice, paix, intelligence spirituelle, et ainsi se sente efficace dans la
poursuite du changement du monde.
La laïcité idéale est l'état
de coexistence naturelle de ces variétés, parce que, si la séparation de la
religion et de l'état est la première solution trouvée aux USA, puis en France,
à la laïcité naissante, on devra bien un jour, peut-être bientôt, l'étendre à
la séparation d'autres variétés, puis un jour de toutes les variétés, entre
elles.
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Le terme assemblée est pour l'heure réservé au petit reste, l'embryon de société pénitente qui travaillera à l'avènement, encore lointain, du Jour (Rév d'Arès 31/8) où le Bien général ne sera plus un miracle espéré, mais un miracle accompli par l'homme, une réalité.
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La Révélation d'Arès ne parle ni de républiques ni d'états, mais de nations, dont le sens est plus large et usuellement potentiel, c.-à-d. plutôt réservé à la société future. Elle cite l'assemblée et les assemblées, comme
on vient de voir, mais comme l'homme du monde changé (Rév d'Arès 28/7) sera absolument libre (10/10) dans l'amour, la paix, la justice, l'intelligence spirituelle, notamment libre de rallier
socialement la variété ou « famille d'affinités » qu'il voudra :
libéralisme, communisme, capitalisme, tribalisme, etc. Selon son choix, non
selon un déterminisme politique - « Ne devrait pas être obligatoirement
papou qui naît en Papouasie mais qui veut l'être, » dit frère Michel qui
aime à sourire -. Les affinités regroupées ne sont pas des divisions, quand y
règne le Bien : amour, paix, etc. Non du point de vue autoritaire,
puisqu'il n'y aura plus ni princes ni chefs, mais du point de vue
fonctionnel, l'humanité ne sera probablement pas très différente de ce qu'elle
est aujourd'hui.
Le terme assemblée est
pour l'heure réservé au petit reste, l'embryon de société pénitente qui
travaillera à l'avènement, encore lointain, du Jour (Rév d'Arès 31/8) où
le Bien général ne sera plus un miracle espéré, mais un miracle
accompli par l'homme, une réalité. L'assemblée n'est pas une
structure hiérarchique, mais un organisme vivant. Les assemblées arésiennes
sont déjà sans chef ni commandement (hiérarchie). Leurs membres,
qui se reconnaissent entre eux non à leur adhésion - il n'y en a pas, d'ailleurs
-, mais à leur pénitence, obéissent simplement à leurs consciences
telles qu'elles perçoivent La Révélation d'Arès. Une variété de vues
apparaît normalement sur des points pratiques, puisque tout progrès pratique se
fait par comparaison d'idées. Quand cette comparaison est insoluble, comme
quand deux points de vue sont aussi valables que différents, l'assemblée peut se diviser en familles d'affinités qui chacune agit selon ce qu'elle pense
bon pour la grande et unique cause qu'elles poursuivent. Rien d'autre ne
régente l'autonomie d'une assemblée arésienne.
Comme on ne saurait régir les
rapports intimes et complexes d'une famille, c'est à partir de la cellule de
base qu'est le couple, l'époux et l'épouse, que l'assemblée a les
meilleures chances de s'élaborer. Non que les célibataires, les veufs et les
solitaires par choix ne prennent pas part à son développement, mais la Parole
partout implicitement dit que la réunion chez l'homme et la femme de l'amour du
prochain, de l'amour romantique et, quand ils ont des enfants, de l'amour
parental, forme une base particulièrement féconde. Aucune règle préétablie et
invariable ne peut, sous peine de renier la générosité du message arésien, se
substituer à la souplesse permanente et audacieuse recommandée à la vie sociale
sur terre. C'est pourquoi la loi qui sera (Rév d'Arès 28/8) sera
l'absence de loi au sens juridique actuel.
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L'homme conscit est celui qui laisse agir en lui tant la part de sa conscience animée par la raison raisonnantes que l'autre part de sa conscience animée par la Parole créatrice.
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La Révélation d'Arès en dénonçant la malignité de tout pouvoir, profane (roi
noir) ou religieux (roi blanc), s'appuie sur un constat
simple : Quand Adam choisit (Rév d'Arès
2/1-5) de soumettre sa
propre humanité à des pouvoirs terrestres - aujourd'hui regroupés sous le nom
de système - il pensait probablement, entre autres choses, lui épargner
l'effort permanent personnel d'amour, paix, justice, intelligence, qui
ensemble forment la condition de l'indépendance personnelle et du bonheur
d'être ensemble. L'échec du système est évident ; il n'a jamais pu donner
à l'homme cette condition d'indépendance et de bonheur. La conséquence
contradictoire de cet échec est que ce sont le plus souvent des hommes de bien
athées ou agnostiques, qui ont remonté le courant d'une pénible histoire de
soumission au mal et réveillé partiellement, sans le savoir, l'image et
ressemblance du créateur (Genèse 1/27) chez leurs semblables. Ce sont ces
humanistes sans référence à une religion ou à une autre, qui ont montré que la
laïcité aidait à ramener l'homme sur la piste de l'amour, de la paix,
de la justice et de l'intelligence spirituelle, tout
contradictoire que cela semble avec les catéchismes de ceux qui n'avaient cessé
de se réclamer de l'évangile et de le laisser irréalisé tout à la fois.
L'explication de cette contradiction est également simple : Jamais le
créateur n'a créé la religion pour l'homme ; c'est l'homme qui a créé la
religion. Ainsi les Pèlerins d'Arès ne suivent-ils pas une religion, mais
simplement les recommandations d'amour, paix, justice et intelligence spirituelle, sachant que le créateur souffle dans les poitrines (Rév
d'Arès 4/11) de tous les hommes sans exception, tenant chacun prêt à
devenir, s'il en accepte l'effort, un pénitent qui joint sa recherche du
bien à celles de tous ceux qui veulent changer le monde en bien
(28/7).
Ceci dit, le monde étant
dépendant du temps (Rév d'Arès 12/6) ne changera pas du jour au
lendemain. Il ne changera qu'à partir de l'état où il se trouve, donc
d'un état de religion et de politique. C'est pourquoi la religion et la
politique elles-mêmes peuvent contribuer à restaurer Éden, mais ne le peuvent
qu'en séparant, donc en affaiblissant volontairement et salutairement, leurs
pouvoirs réciproques par un état de laïcité. En opiniâtres amants de l'humanité
les Pèlerins d'Arès recherchent ce bien général avec tous ceux qui en portent
en eux l'envie, une idée grandiose de la conscience collective quand elle
devient la somme de consciences individuelles spirituelles, par nature nobles
et héroïques (Rév d'Arès XXXV/4-12). La Révélation d'Arès use
d'une expression singulière pour désigner l'homme qui acquiert cette
conscience-là : le frère qui va conscit (Rév d'Arès XXII/14). L'homme
conscit est celui qui laisse agir en lui tant la part de sa conscience
animée par la raison raisonnantes que l'autre part de sa conscience animée par
la Parole créatrice (laquelle peut n'être qu'intuitive, s'il la laisse sans
résistance souffler dans sa poitrine). Endossant tout ce qui compose sa
nature spirituelle, l'homme conscit trouvera la capacité de se
transfigurer et par là de transfigurer le monde.
Frère Jean-Claude
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